En 2019, l’Association pour l’économie numérique (ASCEL) évoque un paradoxe flagrant et inquiétant pour la France. Celui-ci étant que 80% des Français utilisent internet régulièrement, alors que seulement 6% du PIB français est consacré au numérique. Pourquoi ce chiffre est-il si bas ?
La transformation numérique ou digitale est un processus bien mal compris et appliqué, en France ou ailleurs. Elle est pourtant à l’origine depuis les années 50 d’une vraie révolution culturelle et technique. Comment faire pour que la société comprenne la valeur de cette transition ? Quels sont ses effets ?
Lorsque l’on parle de transformation digitale, on pense directement aux startups ou encore aux grands groupes qui sont omniprésents sur Internet. Oui, les grosses entreprises et les licornes font office de leaders de la transformation numérique. Ce n’est malgré tout pas les seuls acteurs de cette révolution. La transition digitale est technique, culturelle et systémique.
À travers l’Histoire, le fonctionnement de notre société a été plusieurs fois bouleversé à la suite d’innovations disruptives. On compte en tout et pour tout 4 révolutions commerciales et industrielles majeures qui ont marqué l’Histoire :
Cette notion de quatrième révolution industrielle est popularisée en 2011 à la suite de la foire de Hanovre en Allemagne, aussi appelée Salon de la Foire Industrielle. Elle met en valeur le côté global que peuvent prendre les (N)TIC et les implications qu’elles peuvent avoir au niveau global de la société.
Le principe même de ces innovations est l’interconnectivité des systèmes. Avec la démocratisation du Web et des nouveaux outils technologiques, tout le monde est toujours plus connecté et mobile. C’est donc automatiquement l’humain et la société qui sont touchés.
Avec cette utilisation toujours plus poussée et massive des nouvelles technologies, tout le monde est concerné. Les populations se sensibilisent à l’utilisation du numérique, car elles sont constamment en contact avec cette dernière. Il s’agit là des prémices d’une réelle évolution des modes de pensée.
En effet, le consommateur est profondément impacté par la transformation, mais tous n’en sont pas au même niveau. La société doit s’acculturer au digital en fonction de sa génération.
Les plus jeunes générations, ou encore la génération Z (nées après l’an 2000) sont les plus sensibilisées à cette transformation numérique. En effet, ils ont toujours vécu avec les outils technologiques que l’on connaît. Ils sont donc déjà interconnectés et habitués au digital. Avec eux, leur mode de pensée a déjà évolué. Ils sont en constante mobilité et sont plus orientés vers l’entrepreneuriat.
On voit en second lieu les Digital Natives, ou encore appelés la génération Y. Ils sont eux aussi bien habitués au numérique. Ils ont grandi en parallèle d’Internet et des réseaux sociaux et s’y connaisse bien en technologie. Ils sont donc moins connectés, mais sont tout de même à l’aise avec le digital.
La dernière génération à étudier est celle des Baby- Boomer. Ce sont les plus impactés par l’essor des nouvelles technologies. En effet, ils sont la génération d’Après-Guerre (nés entre 1946 et 1964). Ils n’ont donc pas grandi au côté du numérique. Chez eux, l’acculturation nécessaire est indispensable.
C’est donc toutes les strates de la société qui sont touchées. Avec le digital, les méthodes de consommation et les habitudes d’achat sont modifiées. On dit que le consommateur est ATAWAD (Any Time Any Where Any Device).
Par définition, une approche systémique consiste à étudier un phénomène dans son ensemble. Elle s’oppose donc à une manière plus classique d’envisager un processus qui est généralement découpée en sous-partie.
La transformation digitale est un phénomène systémique, car elle touche toutes les strates de la société en même temps. Avec les progrès de l’intelligence artificielle, elle s’invite dans les foyers à travers la domotique. La robotisation des chaînes de production ne cesse de croître. De même, l’automatisation du secteur tertiaire ne fait que commencer. Les organisations dans leur ensemble sont impactées par la digitalisation exponentielle des outils.
La transformation numérique est donc à envisager sous un prisme systémique. En effet, elle ne peut pas être considérée de façon indépendante pour chaque structure. Par exemple, lorsque l’on réalise une transformation numérique d’une entreprise, il ne faut pas digitaliser chaque service seul.
C’est tous les services dans leur globalité en coordination qu’il faut repenser. C’est d’ailleurs le travail du Chief Digital Officer (CDO) que de conceptualiser la transformation numérique dans son ensemble.
Malgré tout, on constate un retard certain dans le processus de transformation digitale des entreprises. Selon une étude de McKinsey Global Institute, il est possible d’identifier l’indice de numérisation dans l’industrie. Alors que les États-Unis atteignent difficilement 18 % de leur potentiel de digitalisation, l’Europe n’en est qu’à 12% de celui-ci.
Pourquoi ce taux de digitalisation est-il si bas ? Quelle est l’importance de la transformation numérisation pour les entreprises ? Où en sont les organisations françaises dans leur digitalisation ?
La transformation digitale touche plusieurs aspects liés aux entreprises. C’est une mutation globale qui s’opère au sein de tous les services. Du fait de la modification des attentes du consommateur et des conditions du marché, les entreprises opèrent une modification de leurs processus internes en vue d’améliorer leurs performances.
La transformation digitale des entreprises leur permet donc d’avoir un avantage concurrentiel sur leurs concurrents. Mais, toutes les entreprises sont obligées d’entamer un processus de transformation digitale. La transformation numérique ne doit pas être vue comme une contrainte, mais bien comme une opportunité.
Dans un premier temps, élaborer une transition numérique a pour objectif la digitalisation de l’ensemble des processus internes d’une entreprise. Par la suite, cette transition va octroyer une optimisation du fonctionnement de la structure, notamment par le biais des collaborateurs, qui seront au coeur de ce changement.
De plus, les différents partis d’une organisation ont la nécessité de s’adapter au digital, que ce soit les PDG, les employés, et même la direction. L’adoption d’outils numériques au sein d’une structure est déterminante pour cette dernière. En effet, nombreux sont les avantages que cela peut apporter, que ce soit en interne ou pour simplifier les processus d’interaction avec des clients ou prospects.
Toutefois, il est primordial d’opérer une transformation digitale en gardant les collaborateurs au centre de ses enjeux. Ces derniers ne doivent pas s’adapter aux outils mis en place, ce sont les outils qui doivent s’adapter à eux. Ainsi, il est important de garder à l’esprit qu’il s’agit avant tout d’une évolution humaine et non technologique.
Pour que les entreprises puissent appréhender au mieux leur transformation digitale, elles ont besoin d’atteindre une certaine maturité numérique. Cette dernière consiste en une étude approfondie du niveau de digitalisation des entreprises en fonction de leur potentiel numérique. Elle s’intéresse à tous les aspects de la structure, que ce soit du collaborateur jusqu’au client, tout en passant par les différents outils et techniques utilisés.
Ainsi, cette maturité numérique permet d’évaluer l’avancée d’une entreprise dans son processus de transformation digitale. Elle est avant tout influencée par la culture de l’entreprise. En effet, si la structure de l’entreprise est déjà propice à l’utilisation des nouvelles technologies, il sera plus simple d’implanter un plan d’action de digitalisation.
Plus qu’une simple culture de l’outil, il faut réussir à créer une culture de la mesure et de la data. Avec l’avènement d’internet, les données recueillies chaque jour ne cessent d’augmenter. Elles permettent une connaissance d’autant plus approfondie de son marché, de ses clients, ainsi que de ses concurrents. Il est donc essentiel pour les entreprises de savoir récolter et étudier ses datas.
Ainsi, il faut considérer la transformation digitale comme un processus systémique. Ce n’est pas seulement la structure qu’il faut prendre en compte, mais aussi les outils, l’humain et le marché. À partir de là, il est possible d’établir la différence entre numérique et digital :
Pour se rendre compte de l’importance et des enjeux de la transformation numérique, il est nécessaire d’étudier le processus de digitalisation des organisations. Qu’en est-il de la digitalisation des entreprises françaises ?
La digitalisation est un autre buzzword de la transformation digitale. Même si on peut les confondre, ces deux terminologies n’ont pas exactement le même sens.
La transformation digitale est à prendre dans un sens large. Elle décrit l’évolution et les changements induits par l’utilisation des nouvelles technologies et d’Internet. Quant à elle, la digitalisation est définie par la transposition d’un support initialement matériel à un support numérique et informatisé.
Elle peut donc toucher tous les secteurs comme la documentation, les processus mais aussi les métiers dans leur globalité. Elle rend automatiques certaines fonctions et missions grâce à l’utilisation d’outils numériques. Ces transformations sont réalisables grâce au progrès de l’intelligence artificielle, mais aussi à la robotisation.
En premier lieu, la digitalisation permet d’optimiser l’expérience du client à travers une communication plus efficace et un plan marketing mieux adapté.
Le second avantage majeur est l’amélioration des processus internes grâce à des outils de gestion et à la fluidification des différents services.
De plus, grâce à la digitalisation, il est possible de tester différentes stratégies et de pouvoir adapter ces dernières en fonction de leurs résultats. Ainsi, ces séries de tests permettront d’orienter plus efficacement la stratégie de l’entreprise vers de nouveaux objectifs.
Avec l’avènement des nouvelles technologies, les entreprises disposent de nouveaux outils pour leur permettre d’entamer au mieux leur transformation digitale.
Ces principaux outils donnent la possibilité aux entreprises d’être visible en ligne, mais aussi d’opérer des changements d’organisation.
Tandis que près de la moitié des entreprises de grande taille (250 employés et plus) réalisent des ventes en ligne en France, seule une PME sur huit propose cette solution. Les microentreprises sont également moins digitalisées que les autres PME. À l’inverse, en Allemagne, les micro-entreprises font jeu égal avec les autres PME en ce qui concerne leur propension à réaliser des ventes en ligne.
Il y a aussi un écart entre les différents types d’organisation en France. En effet, les PME/ PMI sont bien moins digitalisées que les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) et bien moins encore que les grands groupes. Par exemple en 2019, seulement une PME sur 10 réalisait des ventes en ligne contre près d’un grand groupe sur deux pour la même année.
Il est donc nécessaire pour toutes les entreprises d’intégrer un changement opérationnel pour devenir plus performant sur le numérique. Pour cela, elles doivent construire et appliquer une stratégie digitale.
Comme toute stratégie d’une entreprise, le but est de créer une valeur ajoutée pour le consommateur pour être plus profitable. La stratégie digitale d’une entreprise est ainsi destinée à passer par des canaux numériques pour ajouter une plus-value à son offre.
Pour ce faire, l’entreprise doit opérer un changement vers l’intérieur de son organisation mais aussi vers l’extérieur. Vers l’intérieur, car elle va devoir repenser sa stratégie de marketing. Vers l’extérieur, car elle doit intégrer les canaux digitaux à sa stratégie de communication actuelle.
Il est tout d’abord important pour les entreprises de réaliser en amont une veille digitale. Pour créer une stratégie efficiente. Un benchmark consiste en la réalisation d’une analyse comparative de la concurrence. Elle servira à définir le meilleur axe stratégique à choisir pour être au plus proche de son audience et rester compétitif.
La stratégie digitale des entreprises n’est pas une solution préfabriquée qui s’applique communément à toutes les entreprises. Elle doit être personnalisée et réfléchie en fonction des caractéristiques intrinsèques de l’entreprise. Utiliser des outils technologiques et numériques c’est bien, les utiliser de façon stratégique et réfléchie, c’est mieux.
Par exemple, une jeune entreprise commercialisant des vêtements n’aura pas la même stratégie digitale qu’une grande compagnie qui travaille dans l’alimentaire. Il faut donc adapter sa stratégie en fonction de son potentiel, mais aussi de son coeur de métier / de sa cible / de son positionnement.
Dès lors, il est possible d’adapter sa stratégie digitale en fonction des évolutions du marché ou bien lorsque l’on se rend compte que la stratégie ne fonctionne pas ou pas aussi bien que l’on souhaitait. C’est un avantage pour les entreprises, mais il faut aussi savoir comment utiliser les bons objectifs et les bons indices de mesure pour gérer au mieux sa stratégie digitale.
La stratégie de l’entreprise est profondément modifiée par deux phénomènes inhérents à la transformation digitale : l’évolution du Big Data et la modification de l’expérience client.
Grâce au Big Data, la quantité de données, professionnelles ou personnelles, recueillies ne cessent d’augmenter. Il est donc nécessaire de bien cibler les possibilités de son entreprise.
Pour cela, il est intéressant, voire obligatoire, d’étudier les données recueillies. Elles pourront servir à définir le client ciblé par la firme, son positionnement et aussi sa stratégie future.
Le but n’est plus que le client achète seulement une offre. Il achète aussi une expérience. Le client est toujours plus informé et sollicité, mais de moins en moins fidèle. L’entreprise doit donc adapter sa stratégie pour répondre aux nouvelles attentes des clients.
Conclusion : La transformation digitale est un phénomène complexe et global. Il faut donc y réfléchir en détail, car toute la société est impactée par ces changements. Que ce soit les habitudes des clients, mais aussi le fonctionnement des différents acteurs de l’entreprise, ils doivent tous s’adapter à la transformation numérique.
Même si la digitalisation est une obligation pour les entreprises, elle ne doit pas être perçue comme une contrainte. Il faut donc réfléchir sa stratégie digitale pour qu’elle soit adaptée aux mieux aux enjeux de la firme et aux attentes de son audience.
La révolution numérique était en train de bâtir brique par brique le rêve millénaire de toutes les dictatures – des citoyens sans vie privée, qui renonçaient d’eux-mêmes à leur liberté…Une putain d’histoire de Bernard Minier – Bernard Minier